Rien
n’est permis.
Tout est possible.
« L’automatisme employé ici est vieux comme le monde, aussi ancien que
la danse, le chant, la parole libre. Sa nouveauté est que, avant le
surréalisme, on n’avait pas pensé que ce mode d’expression pût être
employé au bénéfice d’une meilleure connaissance de l’homme. »
Paul-Emile Borduas, 1947*
L’expression libre et sans détours qui fait fi de la censure et de l’auto-censure
est un combat difficile. La répression économique, émotionnelle et
intellectuelle est l’environnement contre lequel nous tentons de nous
faire entendre pour exprimer ce que nous sommes, nos relations, nos
espoirs et nos peurs, nos amours et nos haines, nos besoins et nos
envies. Ce combat est lui aussi vieux comme le monde.
Nous puisons dans l’expérience des automatistes une méthode qui nous
permet aujourd’hui de continuer ce combat. Leurs tentatives ne sont
évidemment pas les seules. Mais leur méthode, en renonçant à la primauté
de l’intention et en rejetant toutes limites ou conditions prérequises,
nous entraîne dans des territoires inconnus et neufs que nous ne
pourrions atteindre autrement. La nouveauté qui peut en résulter
témoigne alors de notre capacité de déjouer, ne serait-ce que
temporairement ou partiellement, la répression ambiante. L’automatisme
est ainsi la perspective d’un processus d’invention artistique fertile
et véritable.
Nous savons très bien que cette liberté d’expression que nous
recherchons est dépendante de la libération et des avancées du monde
ordinaire partout dans le monde. Et si nos efforts en sont des produits,
ils deviennent à leur tour des contributions à ce mouvement.
Le développement de l’Internet permet aujourd’hui à un plus grand
nombre, et non plus seulement aux classes moyennes, de s’exprimer
socialement et de diffuser ses découvertes et ses inventions. Voilà
l’art nouveau qui nous emporte et que nous emportons dans notre
mouvement vital. Aux lectrices et aux lecteurs de ce site de poursuivre
à leur manière ce que nous proposons ici, seuls ou avec d’autres, ici
comme ailleurs.
Comité de rédaction, Londres, avril 2005.
*Paul-Émile Borduas, Parlons un peu peinture, 1947.
Reproduit dans Refus Global et autres écrits, Éditions TYPO /
L’Hexagone, 1997.
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